this village at night reminds me of one Christmas I never had
no snow, no presents but a presence wherever I go
From «The Conques Poems I»
this village at night reminds me of one Christmas I never had
no snow, no presents but a presence wherever I go
From «The Conques Poems I»
«Campanas, klokker, bells
no rompen el silencio.
Sólido, minéral, in-
mutable.»
From «Conques, la quête»
“Poesía que no es memorable, es decir, que no se fija en la memoria, perecerá por muy original, profunda y perspicaz que sea. Y para ser memorable ha de llevar una música dentro.” – Peter Wessel
Desde que el poema “Un idioma sin fronteras”, ganó el segundo premio en el concurso internacional de arte 2008culturas.com, “Polyfonías Poetry Project” ha sido una referencia obligatoria en todo debate en torno al multilingüismo literario. Los libros Polyfonías (2008) y Delta (2014) – ambos incluyendo cds con los textos leídos por el autor en diálogo con los músicos asociados al proyecto – y tres años de giras por los más importantes festivales de poesía y música de Europa en colaboración con el Instituto Cervantes han servido para afianzar el proyecto y demostrar que las diferencias lingüísticas no son un impedimento para la comprensión de otras culturas.
Investigador de la iconografía lúdica medieval y especialista en el gran cancionero popular norteamericano Peter Wessel tiene una inclinación natural por la transmisión oral del arte. En la Europa medieval, cuando la mayoría de la gente no sabía leer y escribir, las lenguas vulgares convivían sin fronteras. Los juglares y los trovadores que viajaban por los caminos de Europa, y que eran una fuente de información importante, utilizaban libremente los vernáculos de las regiones que habían atravesado para elaborar su propio lenguaje lírico.
Multilingüe por su vida nómada, el particular punto de partida de Peter Wessel es la palabra vernácula con todos sus jugos, su color y su significado. Polyfonías es poesía translingüística orgánica que ha ido creciendo en el autor a medida que se ha ido sumergiendo en nuevas culturas y asimilando la forma, el sentido y la visión en que estás culturas se expresan.
Dejando a la música enhebrar las palabras, a la propia palabra modular su música buscando un sentido más profundo que el mero sentido utilitario y literal de la palabra, la poesía de Peter Wessel permite al oyente dejar de ser un espectador para convertirse en acto creativo que participa y penetra del hondo sentido de la lectura y la música, y hace que se rompan las barreras lingüísticas. Polyfonías nos sumerge en una comprensión inconsciente y clarificadora de la multiculturalidad en la que vivimos. Y como bien define el propio autor: no puede haber multilingüismo si no hay comprensión de otras culturas y de la música y ritmo vital que las mueve.
Con su implicación en la poesía oral y su vocación y pasión de músico Peter Wessel es capaz de añadir a su obra el lenguaje de los instrumentos musicales en sus recitales y libro-CD’s consiguiendo de una forma original una fiel y creativa colaboración con el compositor y guitarrista Mark Solborg y el clarinetista Salvador Vidal. No queriendo limitarse en su obra creativa y como poeta, suma a su proyecto otra voz más: la de la artista plástica Dinah Salama a través de la realización de foto-collage.
Polyfonías contiene palabras de la cultura francesa, española, danesa y norteamericana, pero no es una mezcla de idiomas, es una convivencia de lenguas. Es un proyecto abierto que pretende ser a la vez liberador e integrador. Destruye prejuicios y construye comunidades.
Editorial newsletter translated from the Spanish Cuadernos de la Torre
During the month of August, the original photocollages created by Spanish Artist Dinah Salama for Peter Wessel’s new translingual poetry-artbook+cd DELTA were exhibited at Librairie Chemins d’Encre in the Medieval French pilgrim’s village of Conques-en-Rouergue. It was in this setting that the poet on August 8th presented his book in a concert-reading accompanied by the French multi-instrumentalist Jean-Pierre Rasle.
Because he considers Conques to be his second birthplace, it was a deeply moving experience for the Danish poet, who settled there 37 years ago after recognizing the village from an adolescent dream. With time, this thousand year old confluence of European cultures has become a metaphor for Peter’s life and poetry, and – in 2014 – the Town Council decided to have the poem “Conques, la quête”, which he had written and dedicated to the village, carved in two Corten steel plates and place them where the Way of Saint James enters and leaves Conques.
Furthermore, on a different note, the international journal of literary translation Asymptote has recently published three poems from Delta on their blog, both in their original polyphonic language and in Elena Feehan’s perceptive and ressourceful translations into English. Asymptote defines itself as “an exciting new international journal dedicated to literary translation […] bringing together in one place hitherto unpublished work by writers and translators such as J. M. Coetzee, Patrick Modiano, Can Xue, Ismail Kadare, David Mitchell, Anne Carson, Haruki Murakami, Lydia Davis, and Herta Müller”.
Présentation de DELTA, Chemins d’encre, Conques 8 Août 2015
L’unité n’existe pas, sauf comme un désir – un beau et très humain désir. Nous sommes tous différents et chacun de nous est (peut-être devrais-je dire: chacun de nous sommes) un mélange – un cocktail – de multiples identités.
Non, l’unité n’existe pas, mais à cause de notre peur de montrer nos différences, nos talents et nos contradictions – peur de la solitude et l’ambivalence, l’instabilité inhérente à la vie – nous cherchons l’image unitaire et sûre qui nous offre une religion, la mode, les préjugés partagés ou autres conventions.
Cependant, pour le carnaval nous sélectionnons un masque qui a quelque relation avec nos désirs et nos rêves, et pendant la fête des fous du Moyen Âge il était fréquent de voir des masques qui signifiaient le contraire de ce qu’il y avait derrière. Au Roi on mettait le masque du mendiant et au mendiant le masque du Roi, ce qui montre l’arbitraire du concept unitaire et notre besoin d’embrasser nos faces obscures ou peu dévéloppées. En réalité le mot “masque” et le mot “persona” signifient la même chose et sont utilisés dans le même but: pour la création de la fiction d’une identité fixe et reconnaissable.
Le fait d’avoir vécu quatre différentes vies dans quatre différentes cultures m’a finalement obligé d’admettre ma propre multiplicité. Quand j’ouvre la bouche ou commence à écrire je ne sais pas exactement laquelle des quatre cultures va prendre la parole.
En réalité cela arrive à tout le monde: notre langue change selon que nous parlons avec nos enfants ou avec notre notaire et nous jouons des différents rôles – nous portons des masques différents – selon la situation. Si nous n’y réfléchissons pas, c’est parce que notre langue – la masque de la pensée et des émotions – dans le cas où nous n’avons qu’une: la maternelle, fait croire que nous sommes une personne – un individu – avec une seule voix.
Si j’appelle ma poésie “polyfonías”, c’est précisément pour indiquer la pluralité des voix et de cultures qu’elle contient. Cependant, j’ai rajouté le qualifiant project – projet – pour indiquer que l’unité représenté par le livre est mon désir – un simulacre pieux comme tout art – mais point la réalité.
De la même manière que j’ai dû comprendre – après coup – la raison ou la volonté – qui, il y a 36 ans, m’a fait découvrir Conques et la maison de ma deuxième naissance ici, j’ai aussi dû essayer de comprendre d’où viennent mes quatre langues, quels sont les mécanismes qui à chaque instant décident si le mot juste est français, espagnol, anglais ou danois.
C’est pour partager les résultats de cette recherche et ainsi aider l’explorateur à obtenir plus de sa traversée du Delta avec ses voix, ses musiques et ses images que mon livre contient quatre prologues en chacun sa langue et son couleur.
Le prologue danois – écrit par une chanteuse de polyphonies médiévales – en vert , le couleur de mon enfance dans la campagne danoise; le prologue anglais en bleu, le couleur de la musique – le blues – de mes années teenage aux États Unis, le prologue français, en guise d’introduction, en rouge, le couleur du sang, car j’ai appris la langue française à travers de l’expérience de devenir père à Paris au début des années soixante-dix et, finalement, l’espagnol en noir, le couleur des lettres typographiques (je suis journaliste de formation), des peintures noires de Goya et de mes nuits avec ma femme espagnole.
La volonté d’unité et l’acceptation de la multiplicité m’a peu à peu fait prendre conscience de la responsabilité de l’artiste à percevoir et rendre visibles les coïncidences qui de quelque sorte nous rendent familiers avec des mondes et des situations qui d’autre manière nous auraient aliénés. Pour éviter la tendance à l’uniformité dans un monde et un temps où la raison d´être de l’existence augmente selon les seuls valeurs de stock il est nécessaire –vital – de défendre la joie de ce qui n’est pas raisonnable, mais plein de signifiance.
Lautréamont était capable de voir la beauté de “la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie”. La force transformatrice, la magie poétique de Lautréamont peut nous aider à communiquer avec ce qui nous paraît étrange dehors et dedans de nous-mêmes. Il faut saluer non seulement les étrangers, mais aussi les choses étranges. Il faut parler avec les enfants et les arbres, mais aussi avec les drones. La famille de la création existe, non pas malgré les différences mais grâce a les différences. Le travail de l’artiste consiste à briser les superficies fossilisées des mots, des images et des harmonies pour signaler des nouvelles associations des coïncidences inattendues. Aider ses confrères humains à se libérer de ses uniformes.
Le livre que nous présentons aujourd’hui est une espèce de registre de coïncidences artistiques du projet Delta. Quatre femmes et quatre hommes de différentes langues, cultures, religions et disciplines artistiques, ainsi qu’une équipe de graphistes ont collaboré directement dans le processus de sa création, mais sans le scénario de Conques je n’aurais sûrement pas trouvé aussi clairement les points de référence pour ma navigation.
Delta est un projet, a work in progress, et les coïncidences continuent aujourd’hui. Evidemment, cette vernissage-présentation n’est pas une coïncidence dans le sens aléatoire du terme, puisque nous l’avons préparé jusqu’où les imprévisibles le permettent, mais étant donné que la même idée est exprimée dans plusieurs manières simultanément et que la chance aussi a voulu participer, je pense que nous sommes en train de participer dans une extraordinaire coïncidence. C’est d’ailleurs une curieuse coïncidence qu’en français on utilise le même mot pour le temps de la montre et le temps du ciel.
Ce n’est sans doute pas par hasard que les armes de la ville de Conques représentent un Y. Pensez à Conques pendant un orage avec les torrents de pluie descendant les chemins venant de la Porte de Vinzelle en ouest et la Porte de Fumouze en est pour former un confluent ici devant la porte de cette cave. Cependant le fait que le nom de mon projet “Polyfonías” s’écrit avec un Y au lieu d’un I comme on fait dans le mot espagnol est dû à une erreur d’orthographie de la part du graphiste danois qui a fait la couverture de notre premier disque-livre. Ce n’est que plus tard que je me suis rendu compte de la coïncidence avec l’Y conquois.
J’aimerais penser que la pluie que ce soir rend visible le Y des armes de Conques est une coïncidence significative.
J’ai donné le titre Delta à mon livre pour plusieurs raisons. Ici je mentionnerais que trois: Un delta est une confluence, comme ma poésie est une confluence de cultures. Le triangle est un symbole de fertilité: le sexe féminin, l’origine du monde. La lettre correspondant à la lettre grec “delta” en hébreu est daleth”. La forme de cette lettre ressemble le poignet d’une porte. Ma poésie reprend la tradition médiévale de la poésie orale et la bouche aussi est une porte et le lieu de transformation de la pensé en mots et de la nourriture en énergie.
Ici dans cette cave ancienne comme le subconscient collectif nous allons écouter la langue plurilingue de la poésie dialoguer avec les disharmonies harmoniques de la musette baroque de Jean Pierre Rasle à la fois que nous sommes entourés par les déconstructions-reconstructions des identités captées par l’imagination de l’artiste espagnole Dinah Salama. Ou, dit d’autre manière: rassemblés dans une cave de la mémoire nous allons vivre la métamorphose des langues et la confluence des identités multiples à travers de l’agent corrosif et unificateur de l’art.
A la fin de mon livre je remercie le village de Conques pour m’avoir accueilli. Une gratitude que j’ai voulu exprimer dans mon poème «Conques, la quête», et que le ville a adopté au point de le faire gravé sur deux plaques d’acier dorénavant installées aux portes où le Chemin de Saint Jacques entre et sort de Conques.
Je voudrais considérer ce vernissage-présentation comme une communion où les images, la musique, la poésie et les cœurs de tous se mélangent et s’intègrent dans une vaste harmonie.
La meilleure manière de participer dans ce projet est d’essayer d’écouter et voir pour le simple plaisir de sentir sans avoir à faire l’effort de chercher le sens. Je donnerai le même conseil d’usage pour Delta : écoutez-le à la fois que vous lisez et que vous dialoguez avec les images.
Merci à Marie-Geneviève pour l’hospitalité, merci à Dinah pour le dialogue, merci à Jean Pierre pour les drones, merci à Nick pour la guitare et les blue notes, merci à ma femme Margarita pour l’amour et pour rendre tout possible. Merci à tous pour votre présence.
Les plaques poetiques à l’entrée et à la sortie du village médieval, haut lieu sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle
J’ai écrit “Conques la quête” en 2010 à l’occasion d’un récital que je donnais avec Mark Solborg et Salvador Vidal – les deux musiciens de “Polyfonías Poetry Project” – sous le tilleul de la Place Chirac à Conques, dans le cadre du Festival de musique La Lumière du Roman. Puisque ma poésie “polyphonique” surgit d’une vie où je me suis tour à tour intégré dans quatre cultures différentes, apprenant les langues tout d’abord à travers les sens, en contact physique avec les mots et les choses, mon poème dédié à Conques, ville de voyageurs et pèlerins, où j’ai trouvé un havre pour cultiver mon jardin et ma poésie, occupe sans doute une place emblématique dans ma production.
Mon usage de différents registres linguistiques est spontané, et souvent ce n’est qu’à la fin de l’écriture que je me rends compte pourquoi la voix de telle ou telle langue, de telle ou telle période de ma vie, m’ont interpellé ou appelé précisément à ce moment-là, à cet endroit-là. Traduire ma poésie polyglotte dans une seule langue est comme reproduire une toile fauve en noir et blanc. Tout au plus, pourrait-on la traduire en plusieurs autres langues ; chaque langue est comme une couleur produite à base de plantes cultivées dans différents climats.
Cependant, je vais prendre le risque de faire abstraction des couleurs du poème pour expliquer certains passages et certains principes de ma langue poétique. La deuxième strophe de “Conques, la quête” est la strophe où l’on trouve la plus grande palette de langues et c’est aussi la strophe qui sert d’envoi à la sortiede Conques, par la Porte du Barry, en bas du village (rue Charlemagne).
L’envoi – une courte strophe placée en guise de dédicace à la fin d’une chanson – est une figure poétique fréquente dans la poésie médiévale. Partant de l’idée que la visite à Conques est une expérience transformatrice, la deuxième strophe de “Conques, la quête” n’est plus la même quand on part de la cité médiévale, que lorsqu’on y arrive par le GR65. Les lettres se sont libérées du poids de l’acier et se sont levées comme des voix, comme des voyelles, comme des traces dans le ciel des marcheurs.
L’envoi s’est envolé et ne m’appartient plus. Pour cela, je ne l’ai pas signé. J’ai voulu qu’elle soit un chant populaire du chemin, une folk song, et donc, à partir de l’adieu de Conques, une chanson anonyme.
“Conques, la quête” trouve sa force dans le contraste et la complémentarité entre la ville romane, immuable et éternelle, et la vie éphémère des voyageurs humains avec leurs désirs et leur quête spirituelle et existentielle.
C’est de ces voyageurs que parle la deuxième strophe du poème à l’entrée de Conques en haut du village. C’est à eux que s’adresse L’envoi lorsqu’ils franchissent la Porte du Barry :
Caracoles,
søgende sjæle med hus på ryggen,
almas en vilo con sus vidas a cuestas.
Eager commerce,
searching eyes,
ojos en quête buscando, cher-
chant des yeux en paix.
Bon voyage, fare thee well, ultreïa.
Ce qui pourrait se traduire ainsi en français :
Escargots
âmes en quête avec leur maison sur le dos
âmes inquiètes, chargées de leur vie.
Échanges animés,
des yeux en quête, furtifs, cher-
chant des yeux en paix.
Bon voyage, fare thee well, ultreïa.
Cependant, dans la version unilingue se perd l’écho du mélange des langues qui ont toujours résonné dans les rues de Conques.
Pour commencer, j’utilise l’escargot (caracol en espagnol, ici au pluriel) comme métaphore du marcheur, autant pour la lenteur de sa marche (vu la distance qu’il doit couvrir), que pour son allure avec son sac à dos. Søgende sjæle med hus på ryggen reflète deux traits opposés de la mentalité danoise : d’un côté l’angoisse et le doute (âmes en quête), et de l’autre le pragmatisme et le savoir bricoler (avec leur maison sur le dos). En danois cette dernière phrase med hus på ryggen est devenu pratiquement un synonyme d’escargot ; c’est l’association de ces mollusques aussi familiers avec l’expression consacrée ”âmes en quête” qui produit l’étincelle poétique.
Le prochain vers est un bon exemple de ma technique de ”cubisme poétique multilingue” ou ”glissando du sens des mots”. Dans un premier temps on dirait qu’il s’agit d’une traduction de la phrase danoise en espagnol. En fait, c’est une traduction et ce n’est pas une traduction. L’idée et la construction sont semblables, mais les divers éléments sont composés à partir de combinaisons inattendues de paires de clichés – c’est-à-dire des dérivées spécifiques et sédimentées de deux cultures différentes :
søgende sjæle / med hus på ryggen,
almas en vilo / con sus vidas a cuestas.
Par conséquent, leurs sens manifestent des ”couleurs” différentes, impliquant des sentiments dissimilaires et intraduisibles. Il me semble que le vers danois est plus métaphysique et l’espagnol plus viscéral.
Ceci n’est pas le lieu d’une digression et dissection linguistique, donc, pour ne pas m’étendre davantage, je dirai simplement que je prononce le mot commerce (après eager dans la ligne suivante) en anglais, car – puisqu’il s’agit de Conques, haut lieu de pèlerinage – j’ai voulu profiter du double sens du mot, propre aux deux langues, l’anglais et le français : tant dans l’acception de l’échange de biens comme dans celle de l’échange d’idées, d’opinions et de sentiments.
Et parlant de prononciation, cela me fait revenir au sens polychrome du poème. La poésie lyrique est intimement liée à la musique. Sa sonorité est un élément essentiel de son message. J’appelle mes poèmes polyfonías parce que ce sont des tapis sonores, tissés des voix de différentes langues, différentes cultures. La première et la troisième strophe de ”Conques, la quête” sont monocordes – en français – ce qui rime bien avec sa ”matière” : le village, austère et construit entièrement en lauze, la pierre du pays. La dernière strophe aussi est plutôt monocorde, mais cette fois-ci en espagnol, langue du destin compostellan de nos pèlerins (toutefois, mélangé avec quelques notes d’autres langues dans le chant du départ du clocher.)
Et au milieu du silence minéral et immuable de la pierre, on entend la polyphonie des voix dans les rues, les places et les terrasses de Conques ; le monde de la quête humaine où toutes les cultures se retrouvent et se mélangent.
Estimados seguidores de mi proyecto, quiero compartir con vosotros una gran alegría temperada con un fuerte sentimiento de humildad.
Desde finales de agosto de 2014 el poema central de Delta, “Conques la quête”, saluda a los peregrinos y caminantes en el pueblo medieval francés de Conques.
Este bello pueblo en la Vía Podiensis, acurrucado entre los pliegues de las faldas de los montes de Auvernia, ha sido mi pueblo –el lugar donde confluyen mis lenguas– desde que lo encontré hace casi cuarenta años, siguiendo las indicaciones de un sueño de adolescente.
Escribí «Conques, la quête» en 2010, con motivo del recital de poesía y música que Polyfonías Poetry Project ofreció en el pueblo en el marco del festival anual de música Conques, la lumière du Roman. Al año siguiente Philippe Varsi, alcalde de Conques, lanzó el proyecto que ahora se ha materializado con la colocación del poema, grabado en dos placas de acero cortén, la primera donde el Camino de Santiago entra en el pueblo y la segunda a su salida.
Puesto que la cuarta letra hebrea daleth -que corresponde a la letra griega delta– tiene el significado de «puerta» (de hecho, tiene forma de manivela de puerta) o «boca» y –por inferencia– de cambio y transformación, pensé que la segunda placa, colocada en la salida del pueblo por la Porte du Barry, debería estar sin firmar y solo llevar la segunda estrofa que ahora serviría de despedida, envoi.
En la poesía trovadoresca el «envoi» suele ser una estrofa breve dirigida a la persona a la que está dedicado el poema. En el caso de «Conques, la quête» el envoi no es una estrofa nueva: lo que ha cambiado es el viajero, ya que el paso por Conques es una experiencia transformadora. El caminante no es el mismo, es una persona «nueva» de modo que la segunda estrofa del poema también tiene una nueva lectura. Ya no es parte de mi poema, sino un estribillo en boca del peregrino que sigue su camino. Es una canción popular y por lo tanto anónima. La despedida del pueblo de Conques.
Mediante el siguiente enlace podéis ver las fotos de la inauguración:
https://www.dropbox.com/sh/zqi243op1i3mj7p/AACEszRce5HL4am6GS9XAM-ba?dl=0
Enlace a la descripción de DELTA en el catálogo de Ediciones de la Torre:
http://edicionesdelatorre.com/index.php/biblioteca-de-nuestro-mundo/lirica/970-nmi11
Publié le 27/08/2014 à 03:51, Mis à jour le 27/08/2014 à 08:23
Marquant sa vocation comme lieu de rencontre de tous les peuples en quête d’harmonie et de valeurs spirituelles et culturelles, Conques va désormais saluer les pèlerins et les marcheurs en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle à leur arrivée et à leur départ de la ville avec le poème polyphonique «Conques, la quête». Cet hommage à Conques fut écrit par le poète de plusieurs cultures et langues Peter Wessel et offert au village après le concert que sa formation Polyfonías Poetry Project donna sous le tilleul sur la place Chirac lors du festival de musique de Conques, «La Lumière du Roman», en 2010. Le poème est gravé en deux plaques d’acier oxydé par le ferronnier d’art Bernard Marc et sera installé près de la fontaine, sur la rue Émile-Roudié, avant d’arriver à la place de Fumouze et à la porte du Barry, dans la rue Charlemagne. La plaque à la sortie du village est conçue comme un «envoi» à la manière de la poésie troubadouresque et contiendra uniquement la deuxième strophe du poème qui est précisément un adieu au voyageur écrit en quatre langues. Peter Wessel et l’artiste espagnole Dinah Salama, qui a illustré le recueil de poèmes, d’art et de musique Delta, publié au mois de mai par Ediciones de la Torre (Madrid) et en vente à la librairie Chemins d’encre à Conques, seront présents pour l’inauguration. Rendez-vous donc ce mercredi 27 août, à 18 h 30, sur la place de Fumouze à Conques, pour l’inauguration de ces plaques.
La Dépêche du Midi
Era jueves, tarde o noche, o bien se hizo la noche desde la tarde, en una nueva librería “Enclavada” en el “Enclave” de Lavapiés, calle del oficio de relatar[1], mientras dos hombres y un clarinete me hablaban en dos, tres, cuatro idiomas distintos. ¿Distintos? ¿No era el mismo? Hace tiempo que se intentó sugerir aquel surrealista esperanto a toda la comunidad humana, un solo idioma de todos los habidos y por haber, sin éxito. Nunca supe si se trataba de retomar la construcción de Babel y contradecir a los dioses que dividieron nuestras lenguas terrenales desde sus cielos. Ahora bien, siempre pensé que era mejor así, cada uno con su lengua. ¿Por qué? Sencillo, aunque suene extraño: un mismo idioma para todos nos haría indiferentes los unos a los otros, y lenguas distintas nos causan la sana curiosidad por los demás, ya sea saber si hablan de nosotros, ya sea por saber qué dicen o escriben. Cuántas veces no habré pasado por alto un artículo o libro escrito en mi lengua, o lo habré rechazado con una (h)ojeada, y, sin embargo, cuántas veces me habré interesado en textos similares en otra lengua, desconocida o aprendida a medias. Baste la demostración poco matemática, pero cierta, de que diferentes idiomas nos obligan a interesarnos por lo ajeno. El clarinete suena y una voz recita, dos, tres, cuatro idiomas, ¿distintos? –decía líneas atrás-. No son distintos, son uno y el mismo: el de la poesía, o mejor dicho, el del poeta que habla y siempre hablará en su idioma, el propio labrado con años y más años de hablarlo.
El clarinete se llama Salvador, y la voz se llama Peter –Pedro, y sobre esta piedra edificaré mi Iglesia, dijo alguien una vez-. Encontrarme juntas ambas palabras, Salvador y Pedro –nombres propios que vienen de palabras-, es un hecho magnífico, inusual –sólo una vez antes los vi unidos en un extenso libro-, pero no religioso. Del mismo modo, descubrir a Salvador y a Peter hablando diferentes lenguas y que todos los presentes les entiendan en las propias y las extrañas, no ocurre todos los días. Acaso únicamente el quincuagésimo contando desde la Pascua -long long time ago. Glosolalia, poliglotismo, heteroglotismo… POLYFONIA. Ese jueves del que hablo, entendí un milagro que siempre me habían relatado a fuerza de un santo espíritu y que a mí me resultaba posible entre los hombres sin recurrir a la santidad. Ese jueves, mes de febrero, escuché mi primera POLYFONIA.
Yo estaba sentado, atrás del todo, enterrado entre el público. Casi no veía a los protagonistas, pero a un recital no se acude a mirar, sino a escuchar.
Dentro de mí
Viven cuatro personas, each
With their own voice,
Su propia lengua,
Sa propre langue.
Hver med sit eget srpog
Og sin egen stemme.
He leído que una POLYFONIA no puede ser traducida –en realidad como toda poesía-. Yo diría más: no puede leerse, hay que oírla de labios de un polyfómano[2], es decir, de la voz que siendo una, son cuatro -¿existirá la tetranidad?-, porque es él, al caso Peter, quien sabe el acento justo a cada palabra en cada idioma. Not only se trata de poner one word in differents languages, como acabo de hacer, sino de ser capaz de escribir un poema con cada lengua en cada verso, como si el anterior o el siguiente estuvieran escritos en el mismo idioma. Algunas veces, una palabra francesa es mejor que una española o inglesa, o una danesa cubre el hueco vacío de su inexistencia en otros idiomas. Y no sólo por su significado. Las palabras, además de semántica, tienen su morfología y su fonética, su forma y su sonido. Una en español puede sonar mejor que su correspondencia en inglés, o la francesa tener menos monemas, o la posibilidad de contraerse frente a la de la otra lengua. Un verso puede ser más breve, más suave, más lento o más acentuado que su correcta traducción. En ello radicó una pequeña disertación sobre los quesos –fantástica, por cierto- y el marketing sonoro de la palabra, suave en Cheese, nuestra limpia Queso, la diplomática Fromage, y la ruda Ost. Desde mi silla y ante la primera POLYFONIA o ante los quesos, comprendía lo fundamental de un diccionario junto a su insuficiencia ante un poema.
The Word, le mot, la
Palabra.
Ordet.
Al fin y al cabo, se escriba el poema en la lengua que se escriba, éste no hablará nunca esa lengua cotidiana que tan fácilmente comprendemos de primeras en nuestras conversaciones diarias, porque la poesía es un idioma en sí misma al que todavía nadie le ha dedicado un diccionario decente –si es que se pudiera hacer tal cosa. Y digo yo, si hay poesía en tantos idiomas, por qué no ha de haber, efectivamente, tantos idiomas en una poesía.
Seguía sentado en mi silla. La POLYFONIA sonaba con su quinto idioma, la música, a veces en un solo de clarinete, otras con percusión. Ya no sabía si estaba en un recital o en un concierto de, quizás, Jazz –tan grato a Peter-, si en el s. XXI o frente al nómada juglar medieval –Dinamarca, Estados Unidos, Francia, España…- en su espectáculo poetico-musical reinventando el latín en las variadas formas de las lenguas romance mientras suena la zanfoña o la viola de arco. Presenciar el arte de juglaría era una de mis locuras en caso de que me ofrecieran viajar en el tiempo con alguna mágica máquina. Fue jueves, ese jueves de febrero del que hablo, veinticinco para ser exactos, el día que no me hizo falta una máquina del tiempo y cumplí con mi extraño sueño; no tan extraño si digo que a lo que quería asistir era a uno de los múltiples orígenes de la poética -la poesía, la nuestra, no es sólo letra escrita, sino que, de hecho, nació de la palabra hablada, cantada, rítmica y musical, en un humilde escenario y por un plato de comida, un chorro de vino y ropa usada.
Peter, juglar de Lavapiés –donde también hay barberillos que parodian óperas italianas-, nos hizo, momentáneamente, nietos suyos. ¿Cómo? Peter nos trajo en sus versos, a mitad del recital-concierto, a su nieta francesa Salomé, la cual, sólo conoce una palabra danesa con la que identifica a Peter: Bedstefar (abuelo):
Ma petite fille,
Salomé, mit barnebarn,
Mi nieta,
Para ti soy “Bedstefar”,
Tu única palabra en danés.
(…)
Salomé, nieta mía,
Para ti soy todavía poco más
Que una palabra, but a Word which,
Ahí dedans,
Contains,
Esconde,
Gemmer et løfte, a
Meaning and promise
That we both must explore:
Din “Bedstefar”,
Le meilleur père
De ta mère.
Al igual que Salomé, muchos de los presentes aprendimos nuestra primera palabra danesa (si excluimos Ost), única palabra, de momento. Toda la sala se hizo Salomé aprendiendo su primera y solitaria palabra, y todos repetimos para los adentros de nuestra memoria “Bedstefar-abuelo” para retener el tesoro que Peter nos legaba, envuelto en su idioma natal. Poco después, 1, 2, 3, ¡despierta!, y volvíamos del trance hipnótico de la POLYFONIA para ser nosotros otra vez, sobre nuestras sillas en un jueves veinticinco de febrero, más una nueva palabra -¡qué más da ya el idioma!- en nuestro interior. Como todo juglar, Peter no solamente canta y se recuesta en el colchón musical, sino que hace malabares con las palabras, prestidigitaciones, danza con ellas, juega y contorsiona las sílabas y hace números de equilibrista sobre finas cuerdas de letras, de palabras, words, mots… ord. Es lo que hacía el juglar, es lo que hace el poeta, para el que, siguiendo a Nietzsche, la simple palabra de todo idioma es ya una metáfora en movimiento de la realidad que evoca, metáforas que hemos olvidado que lo son, excepto Peter Wessel.
[1]Librería Enclave Libros en la calle Relatores.
[2]Fantástico neologismo de Peter Wessel: adicto al múltiple sonido.
Por Héctor Martínez Sanz